Je me suis souvent demandé ce qui clochait chez moi. Pourquoi, alors que tout semblait se stabiliser dans ma vie, je virais de bord à tous les coups? Pourquoi, à coup de grosses remises en question interminables, je faisais chauffer mes neurones?
Et je crois que j'ai trouvé. LE SYNDROME DE LA SÉRIE TÉLÉ. Vous connaissez? Bon d'accord, je l'ai peut-être inventé mais quand même.
Il y'a deux ans, alors que ma vie était un lac ultra plat et sans remouds, mon travail à la Fnac, l'ennui de mes nuits devant Buffy (O_O), mes amis à l'école, les copines et leurs mecs, la chambre chez la mère, le permis qui n'avançait pas. J'ai tout quitté pour m'installer ici en Vendée.
Je pourrais vous dire que j'y avais vraiment réfléchi, que c'était la meilleure solution pour moi. Mais ce serait un mensonge. La vérité c'est que je suis partie sur un coup de tête. Pour fuir. Fuir l'ennui chronique qui se dégageait de ma petite ville de banlieue, fuir les amis qui n'étaient plus si présents, fuir le beau-père et la mère, la chambre de 9m², le boulot à la Fnac. LE fuir LUI. Ne plus risquer de le croiser, ne plus y penser. Bon j'avoue pour ce point là, ça n'a marché que moyennement.
Et c'est principalement en ça que réside le syndrome de la sérié télé. L'envie de mouvement, de mélodrames, d'action, d'amour, de remises en question, de renouveau.
Et voilà que deux ans plus tard, alors que ma vie se stabilise de nouveau, que je suis installée dans un appartement confortable, que je suis sur le point d'obtenir un CDI dans ma petite entreprise conviviale, je suis de nouveau prête à tout quitter.
Je vis comme une retraitée, alors que j'ai 22 ans. J'ai peur de me réveiller un jour, d'avoir 30 ans et de regretter toutes les choses à côté desquelles je suis passée.
J'ai beaucoup changé depuis que je vis ici. Je suis plus mature, et je me fais l'impression d'avoir repris le contrôle de ma vie.
Je ne suis pas en train de vous dire que je regrette d'être venue vivre en Vendée. Je ne suis pas quelqu'un qui se complait dans les regrets. J'assume les choix que je fais et je les vis à fond. Si parfois, je vis encore dans le passé, c'est que j'ai tendance à regretter les choix que d'autres ont fait. Donc en aucun cas, je ne considère mon déménagement comme une erreur.
Ici j'ai une autonomie que j'aurais certainement mis beaucoup plus de temps à acquérir à Champigny. Et c'est en partie ce qui me fait tenir. Le fait de pouvoir vivre une vie d'adulte avec un appartement, une voiture, un boulot stable.
Mais au bout d'un moment, ça ne suffit plus. Les jours où vous ouvrez les yeux en vous demandant ce que vous faites encore là, les arguments pré-cités ne tiennent plus. Et vous n'avez qu'une envie, rentrer chez vous.
¤~¤ HOME IS WHERE YOU ARE ¤~¤
Au fond, sommes-nous vraiment fait pour vivre trop longtemps loin de l'endroit qui nous a vu grandir?
Je n'ai rien oublié des raisons qui m'ont poussées à fuir ma ville natale. Je ne suis pas innocente au point de croire, que Champigny c'est la petite maison dans la prairie. Mais c'est chez moi. J'aurais beau parcourir des milliers de kilomètres pour l'oublier, m'agacer d'y croiser sans cesse des gens que je n'ai pas envie de voir, me plaindre de la pollution, des bus bondés qui puent la sueur, de la circulation bouchonnante. Ce sera toujours chez moi. Tant que mes amis et ma mère y vivront, ce sera toujours chez moi.
Quoiqu'il en soit, je me laisse encore un an. Un an, pour rentrer chez moi.