Mercredi 14 octobre 2009 à 14:10


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Que nous est-il arrivé, tu sais ? Je ne sais plus qui je suis. Ou comment j'en suis arrivée là. Qui j'étais me manque.
Je veux à nouveau avoir un chez moi, tu sais ? Et de vrais amis. Le genre d'amitié en laquelle on croyait.
Ça me manque. Et tu me manques. J'imagine que tout me manque.

OTH

Jeudi 8 octobre 2009 à 18:32

Une crampe me vrillait les orteils depuis déjà trois bonnes minutes, mais je n’osais bouger de peur que son mollet délicat ne quitte définitivement l’entremêlement sensuel de nos jambes nues.
Sa poitrine se soulevait imperceptiblement au rythme de sa respiration. Mon souffle brûlant caressait doucement sa clavicule, tandis que ses longs cheveux roux chatouillaient le creux de mon cou.
Les ombres de la lune sur les murs de la chambre vide, dansaient pour nous un gracieux ballet.
Tout dans cet instant était absolu parfait.
 
L’obscurité de la chambre ne gênait en rien ma contemplation et je distinguais sans peine les minuscules tâches de son qui parsemaient ses joues et ses épaules.
Les ailes de son nez qui frémissaient, le galbe de sa hanche se dessinant sous ma main. La finesse de ses traits, et la délicatesse de ses paupières closes.
Elle était si belle que c’en était presque douloureux.
 
Tout dans cet instant était absolu parfait, si ce n’est peut-être cette retenue que je m’imposais et qui me brisait le cœur à chaque seconde. Cette envie maîtrisée qui m’empêchait de la toucher, de lui parler, afin de ne pas briser le fil de son sommeil et de la laisser vivre dans ce rêve.
 
Mais déjà l’obscurité ambiante se dissipait, et le bleu du petit matin me délivrait enfin de mes folies, de mes espoirs sans vie.

Jeudi 8 octobre 2009 à 17:42

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C’était silencieux comme une gare, seulement ses pas qui résonnaient.
Je me souviens d’avoir chuchoté : Adieu. Puis de l’avoir regardé partir, sans bouger, ni même tenter de le retenir. Avec à l’intérieur l’envie de se vomir.
J’ai entendu le craquement qu’a fait mon cœur quand il s’est fissuré. J’ai senti le froid de la solitude se répandre en moi quand son contenu s’est esquivé.
Mon cœur n’était plus qu’une cavité à la fois vide et pleine de l’écho de ses pas qui me fuyaient.
Rien ne serait plus jamais comme avant. Il avait refermé la porte en sortant. J’étais enfermée dedans.
J’ai ouvert une fenêtre, et me suis évadée. Alors dans la lumière des réverbères, dehors, contre le vent, j’ai avancé.
J’ai suivi la route pavée de mes souvenirs, j’ai marché dessus, les ai battus et martelés jusqu’à ne plus pouvoir les sentir.
Puis sans rien dire, je me suis effondrée.
J’ai tenté de me relever, j’ai forcé mes lèvres à s’étirer, j’ai encouragé ma vie à avancer.
C’est comme jouer 1 million à quitte ou double, on peut tout perdre ou tout gagner, mais dans un cas comme dans l’autre, on n’ose jamais rejouer.
J’ai déjà misé, et j’ai déjà perdu. J’ai déjà tenté et j’ai été déçue.
Je pourrais rejouer, mais je ne peux plus.
Quel sentiment dire alors quand en face de soi, c’est seulement l’évidence qui s’expose, qui s’impose : je suis malade de toi.
Puis partant, remontant une à une les rues qui m’avaient vu fuir, j’ai retrouvé ma fenêtre, l’ai de nouveau franchi, et en la refermant, j’ai senti le parfum lourd et entêtant du chagrin, anesthésier chaque parcelle d’espoir tapie dans les recoins.
Ainsi, enfermée dans ma rancœur, accablée par mes erreurs, plus rien ne pouvait ni m’atteindre, ni me nuire. .
C’est plus fort que tout la prescience de mourir.

Mercredi 29 juillet 2009 à 1:23

L'été, j'aime lire. Je ne sais pas vraiment pourquoi je lis plus en été qu'en hiver, peut-être parce que les vacances m'offrent un peu plus de temps ou un peu plus de solitude à combler. J'aime me plonger dans la vie d'autres personnages, dans la peau de personnes bien réelles dans l'esprit de ceux qui les créent. J'aime vibrer, pleurer, espérer à travers eux pour tromper l'ennui et la morosité.

J'ai mal choisi mon dernier livre. Je n'ai pas fui ma solitude, je me suis enfermée dans la leur. Celle des deux protagonistes. Celle de Mattia et d'Alice.
Je pourrais vous dire que j'ai aimé, mais comment vous expliquerais-je alors, cette envie de pleurer qui me brûlent les paupières?

La solitude des nombres premiers, Paolo GIORDANO

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Quatrième de couv' :

Les nombres premiers ne sont divisibles que par 1 et par eux-mêmes ; soupçonneux et solitaires, certains possèdent cependant un jumeau dont ils ne sont séparés que par un nombre pair. Mattia, jeune surdoué, passionné de mathématiques, en est persuadé : il compte parmi ces nombres, et Alice, dont il fait la connaissance au lycée, ne peut être que sa jumelle. Même passé douloureux, même solitude à la fois voulue et subie, même difficulté à réduire la distance qui les isole des autres. De l'adolescence à l'âge adulte, leurs existences ne cesseront de se croiser, de s'effleurer et de s'éloigner dans l'effort d'effacer les obstacles qui les séparent. Paolo Giordano scrute avec une troublante précision les sentiments de ses personnages qui peinent à grandir et à trouver leur place dans la vie. Ces adolescents à la fois violents et fragiles, durs et tendres, brillants et désespérés continueront longtemps à nous habiter.

Voilà, mot pour mot, ce que me promettait le dos de ce bouquin de 328 pages lorsque je l'ai retourné dans le rayon des nouveautés. Personnellement je ne l'aurais pas résumé ainsi. Les premières lignes sont justes, parfaites puisque issues du livre. Le reste n'est qu'un pâle aperçu du caractère des personnages. Pour ma part, je me serais contentée de l'extrait brut de coupe, sans plus d'explication que les mots complexes et pourtant si touchants de l'écrivain lui-même.
"Les nombres premiers ne sont divisibles que par 1 et par eux-mêmes. Ils occupent leur place dans la série infinie des nombres naturels, écrasés comme les autres entre deux semblabes, mais à un pas de distance. Ce sont des nombres soupçonneux et solitaires, raison pour laquelle Mattia les trouvait merveilleux. Il lui arrivait de se dire qu'ils figuraient dans cette séquence par erreur, qu'ils y avaient été piégés telles des perles enfilées. Mais il songeait aussi que ces nombres auraient peut-être préféré être comme les autres, juste des nombres quelconques, et qu'ils n'en étaient pas capables." 

 
Mon avis perso :

Je voudrais pouvoir trouver les mots pour vous résumer ce troublant roman. Vous parler de Mattia et d'Alice, vous dire que j'ai partagé assez au fil de ces pages pour pouvoir mettre un mot sur chaque sentiment éprouvé au cours de ma lecture. Mais la vérité, c'est que même après avoir passé 328 pages à leurs côtés, je ne peux toujours pas vous les décrire. Je ne peux pas parce que je ne ne les connais pas. Parce que je ne les comprends pas. Et peut-être aussi parce qu'au fond, je ne les aime pas.
Parce que Mattia et Alice, sont humains. Ils ne sont ni héroïques, ni rocambolesques, ni passionnés comme le sont beaucoup de personnages de romans. Il n'y a pas de grands discours dans ce livre, pas de grande scène mélodramatique, pas de romantisme, ni même de véritable morale. Juste l'inertie de deux vies qui se conjuguent par intermittence. Juste Mattia et Alice.
Bien sûr ils ont connus des drames, mais des drames comme nous aurions tous pu en rencontrer. Tout est mesuré dans le récit de Paolo Giordano. Rien n'est exagéré. Ce récit n'est ni plus ni moins qu'une tranche de vie. Et cette tranche était mon quatre-heure. Mattia a 5 ans et demi, Alice en a 17, il en a 23, et ainsi de suite. Ne cherchez pas la chute, ni même le fil conducteur. Ce livre n'est pas fait pour être compris, décortiqué, analysé, juste pour être lu, partagé et ressenti.
Et j'ai ressenti beaucoup de silence, de non-dits et d'occasions manquées. Beaucoup de solitude aussi, celle des personnages bien sûr, mais aussi la mienne. Elle était omniprésente, et se superposait à la leur. J'ai éprouvé de la colère devant leur inaptitude à prendre possession de leurs vies, de la déception face à leurs choix, et de la frustration vis à vis du dénouement. Pas de doute, ces personnages sont criants de vérité, ils respirent vous et moi, nos hésitations, nos doutes, nos peurs, nos petites vies bien lissées dans les coins pour ne pas qu'elles débordent, nos mauvais choix, nos mensonges et nos failles.
Tout ça pour vous dire que je suis ressortie de là avec 2 profondes convictions :
1) Paolo Giordano est un génie.
2) Finalement Berger avait raison "On est toujours tout seul au monde".

Un livre conseillé et approuvé par mes bons soins donc : La solitude des nombres premiers par Paolo Giordana. 21,00 € chez Seuil.


Au passage :

"Les autres furent les premiers à remarquer ce qu'Alice et Mattia ne comprirent qu'au bout de nombreuses années. Ils pénétrèrent dans la pièce main dans la main. Ils ne souriaient pas, leurs regards suivaient des trajectoires différentes, mais on aurait dit que leurs corps coulaient l'un dans l'autre  à travers leurs bras et leurs doigts joints. [...] Il y'avait entre eux un espace commun dont les confins n'étaient pas bien tracés, où rien en semblait manquer et où l'air paraissait inerte, tranquille." Page 108

"Elle pensait souvent à lui. De nouveau. Il était une des maladies dont elle ne voulait pas vraiment guérir. On peut tomber amoureuse d'un souvenir..." Page 271

"Elle était au salon et l'attendait. Deux rangées de briques, quelques centimètres de crépi et 9 ans de silence les séparaient." Page 319

Samedi 18 juillet 2009 à 13:58

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Je me suis souvent demandé ce qui clochait chez moi. Pourquoi, alors que tout semblait se stabiliser dans ma vie, je virais de bord à tous les coups? Pourquoi, à coup de grosses remises en question interminables, je faisais chauffer mes neurones?
Et je crois que j'ai trouvé. LE SYNDROME DE LA SÉRIE TÉLÉ. Vous connaissez? Bon d'accord, je l'ai peut-être inventé mais quand même.

Il y'a deux ans, alors que ma vie était un lac ultra plat et sans remouds, mon travail à la Fnac, l'ennui de mes nuits devant Buffy (O_O), mes amis à l'école, les copines et leurs mecs, la chambre chez la mère, le permis qui n'avançait pas. J'ai tout quitté pour m'installer ici en Vendée.
Je pourrais vous dire que j'y avais vraiment réfléchi, que c'était la meilleure solution pour moi. Mais ce serait un mensonge. La vérité c'est que je suis partie sur un coup de tête. Pour fuir. Fuir l'ennui chronique qui se dégageait de ma petite ville de banlieue, fuir les amis qui n'étaient plus si présents, fuir le beau-père et la mère, la chambre de 9m², le boulot à la Fnac. LE fuir LUI. Ne plus risquer de le croiser, ne plus y penser. Bon j'avoue pour ce point là, ça n'a marché que  moyennement.
Et c'est principalement en ça que réside le syndrome de la sérié télé. L'envie de mouvement, de mélodrames, d'action, d'amour, de remises en question, de renouveau.

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Et voilà que deux ans plus tard, alors que ma vie se stabilise de nouveau, que je suis installée dans un appartement confortable, que je suis sur le point d'obtenir un CDI dans ma petite entreprise conviviale, je suis de nouveau prête à tout quitter.
Je vis comme une retraitée, alors que j'ai 22 ans. J'ai peur de me réveiller un jour, d'avoir 30 ans et de regretter toutes les choses à côté desquelles je suis passée.
J'ai beaucoup changé depuis que je vis ici. Je suis plus mature, et je me fais l'impression d'avoir repris le contrôle de ma vie.
Je ne suis pas en train de vous dire que je regrette d'être venue vivre en Vendée. Je ne suis pas quelqu'un qui se complait dans les regrets. J'assume les choix que je fais et je les vis à fond. Si parfois, je vis encore dans le passé, c'est que j'ai tendance à regretter les choix que d'autres ont fait. Donc en aucun cas, je ne considère mon déménagement comme une erreur.
Ici j'ai une autonomie que j'aurais certainement mis beaucoup plus de temps à acquérir à Champigny. Et c'est en partie ce qui me fait tenir. Le fait de pouvoir vivre une vie d'adulte avec un appartement, une voiture, un boulot stable.
Mais au bout d'un moment, ça ne suffit plus. Les jours où vous ouvrez les yeux en vous demandant ce que vous faites encore là, les arguments pré-cités ne tiennent plus. Et vous n'avez qu'une envie, rentrer chez vous.

¤~¤ HOME IS WHERE YOU ARE ¤~¤

Au fond, sommes-nous vraiment fait pour vivre trop longtemps loin de l'endroit qui nous a vu grandir?
Je n'ai rien oublié des raisons qui m'ont poussées à fuir ma ville natale. Je ne suis pas innocente au point de croire, que Champigny c'est la petite maison dans la prairie. Mais c'est chez moi. J'aurais beau parcourir des milliers de kilomètres pour l'oublier, m'agacer d'y croiser sans cesse des gens que je n'ai pas envie de voir, me plaindre de la pollution, des bus bondés qui puent la sueur, de la circulation bouchonnante. Ce sera toujours chez moi. Tant que mes amis et ma mère y vivront, ce sera toujours chez moi.

Quoiqu'il en soit, je me laisse encore un an. Un an, pour rentrer chez moi.

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