Je voudrais vous dire que tout va bien, que la vie est belle, que les oiseaux chantent, mais quelque chose me retient. Depuis deux semaines, j'essaie péniblement de sortir d'une très longue période de "ça va pas du tout". Je suis comme ça, moi, hyper lunatique, une semaine tout va bien, et la semaine suivante je suis au bord du gouffre. Et c'est épuisant à la longue ces sautes d'humeur. C'est vraiment crevant et ravageur.
Pourtant ce que je préfère ce sont les éclaircies, j'en ai plus qu'assez des jours de pluie.
"Est-ce que l'on devient un peu trop fou, quand on ne s'accroche plus trop à rien?"
Je devrais commencer, par sortir de mon lit, nettoyer mon appart à l'abandon, et commencer mes cartons. Je devrais ressentir un élan d'enthousiasme. Je devrais faire les courses aussi, acheter de bons produits, remanger sainement. Je devrais arrêter de faire ça et puis ça aussi.
Je devrais aller au cinéma, histoire de sortir un peu, ou me faire une longue balade au moulin. Je devrais arrêter d'écouter Miossec en pleurant, et arrêter de faire des plans biscornus pour Le récupurer. Je devrais appeller mes amis, ma famille, arrêter de me recrocqueviller.
Maintenant que c'est dit, je n'ai plus qu'à le faire.
"Comment ça commence? Comment ça finit?"
Au boulot, tout est parfait. Je me sens beaucoup plus sûre de moi, je prends de l'aisance dans ce que je fais, et j'ai de plus en plus de responsabilité. Je me sens parfaitement bien, peut-être parce que j'ai une structure, un cadre qui me soutient. Peut-être parce je n'ai le temps de penser à rien.
C'est le soir que ça se gâte. Quand je pousse la porte de mon appartement désespérement vide et inanimé.
Je me connais, je sais que cet état léthargique qui m'assaille toutes les trois semaines environ, ne dure jamais bien longtemps. Je sais que ce n'est pas grave et que j'irais mieux demain. Mais faites que demain se magne le cul!!!
"Fais quelque chose, n'importe quoi, mais fais quelque chose!"
En ce moment, je pense à Lui. Pitoyable hein? Mais qu'est-ce que j'y peux? Je m'étais pourtant fait une raison.
"A quoi bon s'être saigner les veines, tu n'en valais peut-être pas la peine?"
Je suis dans une phase de pur délire, où il me manque, où je voudrais juste le retrouver et pouvoir le serrer dans mes bras, lui dire qu'il compte toujours pour moi malgré tout ce que j'ai pu dire ou faire, après l'avoir détesté, maudit, après avoir essayer de détruire son souvenir.
Et lui dire que je l'aime, encore, toujours, que depuis toutes ces années je n'ai jamais cessé de l'aimer. Malgré tous les mensonges, les non-dits destructeurs, les humiliations, les peines, les trahisons. Je voudrais croire que quelque chose est encore possible, un rattrapage in extremis après 4 ans de silence, après 8 ans d'ignorance. "Quand j'ai vu que c'était perdu, j'ai quand même avancé un pion".
Je me prends à rêver de retrouvailles, de déclics, de nouvelles constructions, d'espoir. Et si j'essayais? D'abord reprendre contact, s'intéresser, ne pas lâcher, séduire, l'accrocher, croire qu'on peut oublier le passé, qu'on a changé, et expliquer l'évidence : Ma place est à tes côtés.
"Réveille-toi et ne vois-tu pas que la nuit est tombée, et que je suis toujours là?"
Je sais, c'est ridicule, puéril et insensé. Vous vous demandez quel peut bien être mon problème? Pourquoi je ne tourne pas la page? Vous vous dites que je n'ai rien compris, qu'aimer quelqu'un qui a toujours dédaigner vos sentiments, et ne vous a jamais retenu, c'est aimer pour rien. Que ce n'est rien d'autre que du masochisme. Peut-être. C'est sûr même.
"Tous les dimanches, et je pense à Toi et je pense à Eux, et je pense à Nous et j'ai le coeur qui flanche"
Mais qu'est-ce que je dois faire alors? Arrêter d'y penser, faire taire cette intime conviction qui me dit que si tout aurait pu être amélioré, vécu sans retenue il y'a longtemps, il n'est peut-être pas trop tard?
"C'était plus qu'une simple comète, à cause de ce que ça avait apporté à sa vie. Direction, beauté, sens.
Beaucoup de personnes ne pouvaient pas comprendre, et parfois, il faisait partie de ceux-la.
Mais même dans ses heures les plus sombres, il savait dans son cœur qu'un jour, elle reviendrait vers lui.
Et son monde serait à nouveau complet..."